LittératurePoésie

Plumées

Création originale


Plumées

Sur la branche d’un hêtre
Venaient se reposer
Du bois deux grandes maîtres
Deux mésanges bleutées

Bavardes dans l’été
A discuter la vie
Afin de s’occuper
De se faire une amie

Un jour clair l’une d’elles
Partagea son regret
De manquer un peu d’ailes
Pour au loin voyager

Elle rêvait d’un grand vol
Par delà les campagnes
Reposer sur un col
Contempler les montagnes

Vers le Nord s’élancer
S’éloigner des vendanges
Les landes survoler
De son œil de mésange

A ces mots son amie
Qui avait un cœur d’ange
Eut soudain cette envie
Qui parfois nous démange

Elle irait dans la nuit
Par quelques aventures
Dans les bois et les nids
Cueillir des plumes sûres

Quand la nuit fut tombée
La rêveuse partit
Et d’une aile assurée
La nôtre s’accomplit

En défiant vaillamment
L’air sombre des forêts
Les monstres et les vents
Malmenant les volets

 

Image d’illustration – Crédit: Creative Fabrica

Et quand l’aube fut venue
Elle rejoint avec peine
Les mains pleines de vertu
Sa demeure souveraine

Sur une branche de chêne
Son amie l’attendait
Le cœur lourd comme ses veines
« Jamais elle ne viendrait »

Mais soudain lui apparut
Notre mésange épuisée
Et telle un ange déchu
Toute de plumes chargée

Elle lui greffa ces dernières
D’un geste qui m’est inconnu
Faisant apparaître des serres
Là où siégeaient ses doigt nus

Cependant, la belle ingénue
Affaiblie par tout son labeur
Trébucha par delà les nues
Et se blessa dans son malheur

L’autre de son œil changé
Qui avait contemplé la chute
Pensant ne pouvoir la soigner
S’envola vite vers son but

Laissant ainsi mourir notre ange
Qui avait confié sa vertu
À une vorace mésange
Qui rapace était devenue

Ainsi, à vouloir trop donner
On perd parfois ses propres plumes
Et l’ami qui nous a plumé
Est à vomir comme l’écume

Juliette Perrin Chevreul

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