Le Hussard
Créée en 2022, la chaîne YouTube Le Hussard s’impose comme un véritable antidote à la routine littéraire moderne. Avec une mission claire : réconcilier le grand public avec la littérature classique tout en injectant une bonne dose d’épique, d’héroïsme et de passion dans une époque parfois trop convenable et trop policé. Le créateur de la chaîne, bien que discret sur sa personne, se définit comme un Parisien, trentenaire, libertarien, passionné de littérature, et un peu échaudé par les magouilles et subventions de l’entre-soi parisien.

Pamphlétaire assumé, il s’attaque sans détour à la littérature contemporaine qu’il considère comme coupable de véhiculer une certaine médiocrité. Ses cibles favorites ? Des figures emblématiques de la littérature contemporaine comme Jean Paul Sartre, Marguerite Duras, Michel Houellebecq et les idéologies post-moderne déconstructivistes qui sont l’aboutissement de la French Theory. L’éducation nationale et les boomers
prennent également quelques balles perdues à l’occasion. Chez le Hussard on ne fait pas la distinction entre l’œuvre et l’artiste. Son style incisif et provocateur s’exprime dans des formats courts et virulents qu’il baptise “cours martial” et “Bérézina”, où il tire à boulets rouges sur les œuvres modernes et les dérives de la pensée actuelle. Mais loin de se contenter de critiques drôles et souvent méchantes, le Hussard va plus loin en proposant des alternatives solides aux auteurs qu’il dézingue. Par exemple, après avoir taclé Houellebecq, qu’il qualifie « d’ennemie de la joie de vivre, du tonus et de l’espérance » à la «langue plate et ennuyeuse » en particulier lorsqu’il s’agit d’écrire des dialogues qui « donnent l’impressions de lire en boucle le chat entre vous et le technicien orange qui vous demande si vous avez réussie à rallumer votre Live Box », il vous recommande de lire Le Meilleur des Mondes d’Huxley ou 1984 de George Orwell afin d’explorer le genre de la dystopie et abordé la thématique du désenchantement du monde et des relations hommes femmes.

Dans son format Les Charges du Hussard, il s’agit de faire découvrir des auteurs, qu’ils soient célèbres ou moins connus, mais qui ont marqué l’histoire par leur vie trépidante et leur contribution à la grande littérature. Ce format, m’a poussé à m’intéresser à des figures comme Sylvain Tesson, Jean Raspail et Hemingway, tout en me permettant de redécouvrir des écrivains tels que Jack London, Victor Hugo ou encore Jean Giono sous un angle inédit, offrant une nouvelle perspective sur leur œuvre et leur influence littéraire.

Le Hussard ne se contente pas de critiquer la modernité littéraire, il agit. En créant sa propre maison d’édition, La Giberne , il entend redonner ses lettres de noblesse à la littérature épique d’autrefois, celle qui a forgé les grands récits de l’Histoire. Son premier livre, Pays Réels, écrit sous le pseudonyme de Max Kessler, est un roman d’anticipation qui mêle intrigue politique et polar. La Giberne ne se limite pas à ses propres publications. Elle met également en avant des auteurs encore peu connus du grand public. Ainsi, L’Hydre jamais ne meurt et sa suite L’Hydre jamais ne faiblit raviront les fans du genre du roman de chevalerie. Un autre de ses titres, Les Noces de terre, plonge le lecteur dans un décor évoquant l’ambiance de Tintin et le Lotus Bleu. Dans la Chine provinciale et arriérée des années 30, il était coutume de ne pas enterrer les célibataires décédés seuls, de peur qu’ils ne soient condamnés à errer dans la solitude dans l’au-delà. L’histoire suit donc les péripéties d’un anti-héros qui s’enrichit grâce à un commerce de trafic de cadavres particulièrement lucratif durant la guerre sino-japonaise.

Son parti pris conservateur et ses références esthétiques ne seront pas du goût de tous les publics. Il incarne une voix singulière et nécessaire dans le paysage littéraire actuel, un contrepoint à une époque où l’on semble privilégier le politiquement correcte, la bienveillance (naïve) et l’inclusivité quitte à laisser de côté le panache, l’épique et la transcendance. Notre époque est peut-être désenchantée mais le but de la littérature doit être de nous en extraire et non de nous plonger le nez dans la morosité. Le style du Hussard est il parfois un peu « puérile » ? Peut-être mais je conclurai mon propos par une citation de Sylvain Tesson « l’aventure c’est être fidèle à ses serments d’enfants avec son corps d’adulte ».