Dune 2, le retour
Pour mon premier article cinéma sur le site de TB, je donne dans le cinéma grand public. Pour tous ceux qui me considéraient comme un grand méchant snob qui ne regarde que des vieux films de la Nouvelle Vague en noir et blanc très lents et très ch… ça sera en quelque sorte mon pied-de-nez à leur encontre.
Petite mise au point avant ma critique du film, je n’ai jamais lu les livres. Ça traînait dans la chambre d’enfant de mon père (il a grandi dans les années 80, le chanceux, hé oui) et je les avais feuilletés étant enfant, mais jamais lus. Mon père est un grand fan, c’était un best-seller de SF dans les années 80. Il faut dire qu’à l’époque je lisais des BD ou du Balzac, allez chercher l’erreur.

Le cadre: une planète désertique riche en ressources
Pour un synopsis ultra rapide, tout se passe dans une galaxie lointaine, dans un futur lointain, avec des factions (Imperium, Bene Gesserit, Atréides, Harkonnen, des noms à coucher dehors), qui se battent pour leur hégémonie économique et politique entre planètes. Le héros du roman est Paul Atréides, qui appartient au clan des Atréides (tiens donc), sorte de Gryffondor de la galaxie (les gentils, quoi).
Sans rentrer dans les détails et spoiler tout le premier film, le nerf de la guerre de ce combat pour l’hégémonie entre les clans est le « Spice », l’épice en gros. C’est une substance que l’on ne trouve que sur la planète d’Arrakis (oui, ça ressemble à Salakis, le bon lait de Brebis), aussi appelée « Dune ».

Dune est une planète désertique, et cette épice, sorte de gaz de schiste russe de l’espace, représentée dans le film comme une fine couche de paprika posée sur la surface du sable, s’envole au premier coup de vent et vous file un fichu rhume des sables carabiné…
euh non je m’égare. Cette épice donc sert de carburant pour les voyages intergalactiques (le manuel d’utilisation exact n’est pas fourni dans le film, mais on imagine qu’il y a un processus de raffinerie semblable à notre cher or noir). Elle est aussi utilisée par les autochtones, les Frémen (à ne pas confondre avec les Fémen, dommage on ne verra pas de femmes aux seins à l’air, surtout que ces derniers sont plus ou moins l’équivalent des berbères musulmans) pour leurs vertus psychédéliques (ça vous file un « high » chanmé avec hallus et tutti quanti – Timothée Chalamet en PLS).

L’intrigue: jeux de pouvoirs, alliances et manigances
Ces prémices posés, on se doute bien que l’épice va voler au son des bottes des militaires et que nos pauvres autochtones vont en prendre plein la gueule. C’est tout le thème du premier film, dans lequel l’empereur de la galaxie, Shaddam IV, entreprend de léguer la production d’épices de Dune (et donc la possession de la planète) à la famille Atréides, en dépossédant donc les Harkonnen qui en sont les propriétaires historiques.

Le fameux cadeau s’avère être en fait une manigance de l’empereur pour éliminer le clan Atréides devenu trop puissant (je m’arrête là afin de ne pas trop spoiler le film). A l’issue d’un massacre en bonne et due forme, Paul et sa mère Jessica se retrouvent seuls dans le désert, à la recherche des Frémen. Ils les trouvent et doivent en quelque sorte les convaincre qu’ils ne souhaitent pas les exploiter, comme l’ont fait les Harkonnen durant des siècles en les utilisant comme esclaves pour la production d’épices, mais les libérer.

Il y a là le thème majeur secondaire de l’intrigue : la destinée de Paul Atréides. Jessica, la mère de Paul, fait partie de la faction des Bene Gesserit, sorte de couvent de bonnes sœurs aux pouvoirs psychiques assez sadiques et qui influencent la destinée des factions de la galaxie en arrangeant des naissances eugéniques et en croisant les ADN des personnalités les plus puissantes psychiquement. Ca a l’air barré, parce que ça l’est.

Les thèmes secondaires: religion, propagande, manipulation
Les Bene Gesserit influencent également la géopolitique en répandant des rumeurs et en créant des religions auprès des populations, et ont depuis des siècles répandu une religion messianique chez les Frémen, dans le but de les préparer à la venue de Jésus Mohamed Lisan Al-Gaib, un étranger qui connaîtra leurs coutumes et qui viendra les libérer et les mener vers le paradis. Paul est au courant de cette manipulation des masses et refuse de jouer la comédie, mais sa mère œuvre pour réaliser la prophétie.

Les mystères: le vers des sables
Je rajoute un dernier point et non des moindres, la planète de sables est habitée par des vers géants (eh oui, le synopsis n’était pas encore assez barré pour Frank Herbert apparemment – hop, on reprend un qaalude), qui sillonnent le sable et réagissent à la moindre pulsation sur la surface du sable. Et comme ils ont très faim, ils avalent tout sur un rayon de 500 mètres, jeeps, humains, chameaux, ils ne sont pas regardants sur la marchandise. Les Atréides et Harkonnen les évitent par divers procédés, fuite, radars, tandis que les Frémen les révèrent comme des Dieux et les utilisent dans leurs méthodes de combat (je n’en dis pas plus).

Dune 2, résumé
Le deuxième film, qui est la suite directe du premier, se concentre sur l’organisation de la résistance des Frémen accompagnés de Paul et Jessica, de la transformation mystico/psychologique de Paul en messie, de l’histoire d’amour (un peu ratée à mon goût) de Paul avec une Frémen, et des intrigues politiques entre Harkonnen, l’Empereur et les Bene Gesserit. L’intrigue se complexifie et les thèmes politiques, mystiques, religieux, économiques et psychologiques sont plus développés.

Pourquoi j’ai aimé le film ?
L’intrigue est assez fine et complexe, et le « lore », l’univers créé par Frank Herbert est extrêment complexe et foisonnant, et cette créativité m’a beaucoup plu. On sent les influences de David Lunch sur certains costumes et certaines sont reprises du film de 1984. Je conseille également de voir le documentaire sur le film de Jodorowsky qui n’a malheureusement jamais vu le jour, mais dont les dessins (aussi aidé de H.R. Giger le créateur d’Alien) sont tout simplement des perles de créativité et qui a certainement été une grande source d’inspiration pour ce film.
Par rapport au côté « technique » du film, les images sont époustouflantes, impressionnantes et le traitement de la couleur et de la lumière est très impressionnant. Le son est également très travaillé, il y a plusieurs vidéos sur la production du son de Dune sur youtube et on y découvre que tous les sons sont en fait non pas digitaux mais organiques, ce qui donne ce « blending » parfait avec l’image et renforce l’immersion.

La créativité des décors, des costumes et des paysages est très réussie et renforce le dépaysement du spectateur et la curiosité pour l’intrigue. Les thèmes et les réflexions du film sur la politique, sur les intérêts économiques, la critique de la religion et l’ambiguïté du personnage principal sont assez intéressants, et semblent être amenés à être plus développés encore dans le troisième volet.

Ce qui m’a moins plu :
J’ai trouvé qu’en dépit des vaisseaux assez épiques et des scènes avec les vers très impressionnantes, les scènes de combat auraient mérité plus de poigne et le côté épique des combats aurait pu être plus développé (cf. Gladiator, Le Seigneur des Anneaux, etc.). Les acteurs, qui sont assez jeunes, ont plus des physiques d’instagramers que de charisme, mais bon.. le jeu de Timothée Chalamet reste bon.

L’intrigue est parfois assez expédiée, pour des raisons de temps j’imagine, mais on se demande parfois qui sont certains personnages, pourquoi sont-ils là, quels sont leurs rapports avec d’autres personnages (cf. le méchant qui est assez expédié et meurt un peu trop rapidement à mon goût).
L’histoire d’amour est aussi fade qu’un date tinder raté également (à mon goût encore une fois). J’aurais aimé beaucoup plus de développements sur les différentes factions et les personnages, mais cela nécessiterait vraisemblablement une série et non un film.
LA CRITIQUE
Dune: Part Two
Vivement le troisième!
POURS
- Un grand show hollywoodien, image et son fantastiques, de l’action, on ne s’ennuie pas
- Une intrigue assez intéressante et qui tient en haleine
- Des réflexions sur différents thèmes qui sont assez peu communes dans des films d’action
- Un univers vraiment original, sombre et déjanté
CONTRES
- Manque de punch dans les combats
- Une histoire d’amour fade
- Des détails importants parfois expédiés
REVIEW BREAKDOWN
Intrigue
8Esthétique
9.5Cohérence
7.5Le point final :
Un très bon divertissement, on en redemande ! Le troisième volet a été annoncé et sera à mon humble avis du même acabit que les deux premiers volets.